Du Logo et du Resto

Salut à Tous,
Voici la suite de mon dernier post : je vous avais montré la typo, et maintenant voilà le logo avec une des ses applications.
La société s'appelle "Xtrem Days", et ils sont spécialisés dans la location de motos grand prix.
Ils organisent régulièrement des courses sur circuits, où l'on peut se défouler et faire fondre le bitume.
Si vous êtes porté sur ce genre d'expérience, allez les voir. Vous ne serez pas déçu.
le site : http://www.xtremdays.com/

Dans le Noir ?

Suite à l'initiative d'un de mes amis, on a décidé de former un petit groupe et de faire une sorte de tournée des restos. On est un peu loin du relais château, mais je vous assure que ça vaut le détour.
Le principe est simple : dans un ordre déterminé, chacun son tour on propose un resto original ; et le groupe s'y retrouve le premier jeudi du mois (... du moins on essaie de s'y tenir). Il n'y a pas de limite budgétaire, le but est de se faire plaisir ... cela dit on va pas se taper des restos qui exigent d'y laisser un oeil ... même si il y en deux ou trois qui me tentent bien.

Là pour le coup d'envoi, on a tapé fort ; on est allé dans un resto que nous connaissions tous, mais qui nous faisait un peu peur, car il fait appel à des angoisses que nous avons tous eu.
Il s'appelle "Dans le Noir ?". Tout un programme. Tout est dans le titre.
Le concept est navrant de simplicité et d'intelligence : On mange dans le noir ... le plus total.
Je dis "navrant de simplicité et d'intelligence", car c'est un idée que tout pourrait avoir tellement elle est basique, mais que une seule personne a eu. Et c'est ça que je trouve que c'est très fort.
C'est comme le gars qui a décidé de mettre un coude à un objet usuel que la terre entière connait, à savoir la paille.
Cet homme a fait sa fortune en pliant une paille ... il même pas fait de système pour qu'on aspire plus vite ... il l'a juste pliée ... ça fait réfléchir.
Mais je m'égare ...
On arrive devant le resto ; les questions du genre "tu crois qu'on est aussi dans le noir quand on va au toilettes" fusent ; on rigole bien (un peu jaune) ; mais faut bien avouer qu'on était tous un peu inquiet quand même.
On rentre dans le resto, et là Ô surprise, de la lumière ! (perso, j'étais presque déçu).
Un hôtesse nous accueille, et nous explique comment ça se passe :
Dans un premier temps, il faut mettre toutes nos affaires dans un casier, pour éviter toutes source de lumière, qui pourrait venir des montres ou des téléphones portables par exemple.
Celui qui garde la clef du casier sait que tout le monde compte sur lui pour ne pas perdre la dite clef dans la salle noyée dans le noir. En somme il a un poil la pression ... c'était moi.
Ensuite on nous demande de choisir le nombre de plats (entrée et plat, ou plat et dessert, ou la totale).
Du coup, on a répondu "ben, je sais pas ; on voudrait bien voir la carte avant".
Et là, première surprise : on ne choisit pas ; on ne sait pas se que l'on mange. On doit se fier à nos sens et deviner. Perso, j'aime bien ce jeu.
Ensuite on nous demande si il y a des allergies particulières, pour des raisons évidentes.
Donc on choisit notre formule ; plat plus dessert ; on a tous pris pareil histoire de faire simple.

Ensuite, on nous explique nous aurons un serveur qui nous sera attribué. Si on veut quelque chose, il faudra forcément passer par lui.
A coté du bar, on voit le "sas" comme il dise. C'est le couloir qui nous fera passer progressivement de la lumière à l'obscurité.
Il y aurait écrit au dessus du sas "Abandonne tout espoir, toi qui pénètre ici" que ça m'aurait pas étonné.
Là on voit arriver notre serveur, Didier ; et on constate ... ben qu'il est vraiment aveugle.
J'avoue avoir ressenti un petit choc, et de l'admiration aussi.
De l'admiration, car essayez de mettre 4 assiettes pleines sur vos bras et de les poser à un endroit précis en ayant les yeux fermés. Je vous garantis un vrai carnage.
Même si on se dit qu'il a l'habitude et qu'il a des repères ; ça force le respect.
Donc Didier nous demande de faire bien attention au volume sonore ; car bizarrement les voyants parlent beaucoup plus forts quand ils sont dans le noir.
Comme on perd la notion de distance, on élève la inconsciemment la voix pour se faire entendre de son entourage ; même si on est juste à coté.
Comme les tables d'à coté font pareil, ça devient vite assourdissant ; et les serveurs n'entendent plus les instructions de la cuisine.
Bref, Didier nous dit de faire attention ... on sent le gars sympa, mais ferme ... mais sympa ... mais ferme quand même.

Ensuite on se met en rang d'oignons, avec la main gauche sur l'épaule gauche de la personne devant.
Et Didier nous guide ...
Quelle sensation ! J'ai jamais rien connu de pareil : on est dans le noir le plus total ... le vrai noir ... le noir pas naturel.
Je m'explique : même quand on les yeux fermés, on "voit" à travers les paupières, on distingue ... comment dire ... différentes nuances dans notre noir de voyant.
Même quand on est dans notre chambre, au beau milieu de la nuit, avec les fenêtres complètement cloîtrées ; il y a toujours une source de lumière quelque part, aussi faible soit elle.
Bref, le vrai noir.
C'est très bizarre ; on sait qu'on est entourés de gens, qu'ils sont juste à coté, mais impossible de situer qui que se soit. Déjà la personne que je tenait par l'épaule me semblait très loin , c'est dire.
Et effectivement, le volume sonore était déjà très fort. Pour vous donner une idée, les serveurs ont rappelé à l'ordre cinq fois la salle, durant l'heure et quart qu'a duré notre repas.
C'est comme à l'école : le prof nous dis de la fermer parce qu'on s'entend plus et que c'est une vrai cacophonie ; on se tait ; et graduellement en moins de 2 minutes c'est reparti.
Ben là c'est pareil ... sauf que quand même on ne dit pas de la fermer mais de faire attention ... c'est un resto quand même.

Donc, Didier nous place à notre table ; on s'explose les genoux sur les chaises en passant, on s'assoit ; et on fait un petit tour du propriétaire avec le bouts des doigts ; histoire de repérer les couverts, notre verre, etc.
On essaye de savoir qui on a à coté de soit ; on tends les bras (en prévenant les gens) pour toucher nos interlocuteurs, histoire de se faire une petite idée des distances qui nous séparent.
On essaye de se servir de l'eau sans en mettre partout ( il y a une technique : il faut mettre son doigt dans le verre mais au bord, quand le liquide touche le doigt c'est que c'est bon). On renverse du vin, on prend le pain du voisin sans le vouloir, on fait tomber sa cuillère sans la retrouver : en gros on s'adapte.

Avertissement des serveurs : ils entendent plus rien, on parle trop fort.

Arrivée du plat : Didier nous a assez surpris car il a mémorisé nos prénoms et nos places.
Il nous dépose l'assiette devant nous (en nous bousculant largement au passage, mais personne lui en a voulu, et c'est bien normal).
Bon ... bah ... faut se lancer : j'ai effleuré rapidement le dessus de mon assiette histoire de me faire un petite idée de se que j'allais mettre dans ma bouche, et surtout pour repérer l'emplacement des aliments : "alors euh … viande à gauche… euh … machin mou à droite (légumes ?)… euh … sauce partout … bon, en avant !"
J'ai senti une hésitation générale, puis petit à petit tout le monde s'y ai mis.

C'est très marrant comme situation : on y va à tâton, on se pose des questions sur la composition du plat, on essaye de piquer avec la fourchette mais sans résultat, on s'aide un peu des doigts ; ensuite on compare nos conclusions : "Y a des carottes il me semble. " "Ah bon ? Je croyait que c'était de la patate douce. T'es sûr ? " ; "Euuh ... en fait non" ; "J'ai de la sauce sur le coude ! Beurk ! " ; etc ...
Essayez de couper une viande (inconnue) dans l'obscurité ; ça va vous donner des résultats pas mal :
Personnellement après avoir coupé consciencieusement, je me suis retrouvé avec presque la moitié de ma barbaque collée sur le visage parce que je pensais avoir un petit morceau au bout de ma fourchette.
Dans un autre genre, j'entendais un mes amis râler parce qu'il piquait sa viande et qu'il mordait depuis un moment sur l'acier de sa fourchette quand il la portait à sa bouche : c'est un poil frustrant.
Comme tout à l'heure, on est totalement désorienté : on sait pas vraiment pas ce que l'on mange.

Avertissement des serveurs : ils entendent vraiment rien, on parle toujours trop fort.

Le dessert : on touche un peu ... Oh punaise ! C'est une glace ! Et même pas dans un bol ! Faut se dépêcher, dans 5 minutes ça sera une soupe et ça sera pas gérable !
Là c'était l'épreuve ultime : on avait un maximum de chance de s'en mettre partout.
A ce moment là, j'ai senti que tout le monde était concentré sur se qu'il faisait.

Avertissement des serveurs : leurs tympans ont explosé, soyez sympa quoi, faites un effort ...

On a terminé, on est content et on échange nos conclusions sur les plats.
Didier revient nous chercher, comme il nous a amené : en rang d'oignons (je me suis détruit le tibia sur ma chaise au passage).
On traverse le "sas", qui nous fait un retour progressif à la lumière.
Retour vers le monde des voyants.

A ce moment j'ai réalisé qu'on était totalement dépendant de notre serveur : impossible de se repérer ; impossible de trouver la sortie, même si elle est à coté de nous (et elle était à coté de nous).
J'avoue que ça j'ai pas trop aimé comme sensation ; mais en même temps c'était difficile de faire autrement.

Là on se réhabitue à la lumière (j'ai vu blanc pendant quelque secondes , comme après un gros flash) ; on récupère nos affaires dans les casiers (j'ai encore la clef, ouf!) ; et on nous montre se que l'on a mangé. Forcément on est surpris par certaine choses, mais dans l'ensemble on avait quasiment tout trouvé.
Ensuite on paye : je vous prend pas en traître, c'est un peu cher (environ 40 € pour notre formule, vin non compris).
On a laissé un bon pourboire à Didier, parce que quand même ... faut le faire se qu'il fait. Moi je suis admiratif.

Je peux pas vous parler de la nourriture puisque le concept est que vous la deviniez.
Je peux juste vous dire que c'est pas de la grande cuisine, mais que c'est bon. Les plats ne sont pas super sophistiqués, les saveurs sont simples ; autrement on ne devinerait jamais.
En gros, ils ont tout misé sur le concept ... et ça marche.

J'ai adoré.

Par contre, ils ont un logo d'une mocheté indescriptible ; et leurs cartes de visite sont à vomir.
Ils pourraient faire des trucs tellement forts avec leur concept, je sais pas moi ... euh ... une carte de visite toute noire avec une texture coton épaisse et leur logo (juste une typo) en gaufrage ... comme tout passe par le touché ... et ... euh ... une petite typo en gris clair avec les coordonnées et les infos : simple et efficace quoi.
En plus ils ont mis un point d'interrogation à leur nom ... Dans Le Noir "?" ... c'est nul ... il sert à rien ce truc ... comprend pas.

Petit détail marrant : comme on était dans le noir le plus total, je sentait mes yeux qui forçaient beaucoup ; j'avais un peu les pupilles qui me tiraient.
Mais au delà de ça, j'ai éprouvé un vrai sentiment de repos ... assez étrange.
Le fait de ne pas voir m'a permis de me concentrer sur moi même ; sur ma position dans l'espace et sur l'espace que j'occupe.
Un truc tout bête : le fait de pas voir ma main m'a demandé un petit effort pour prendre mon verre sans le renverser ; même si c'est un geste que je fait plusieurs fois par jour.

Personnellement je suis assez fier, je suis sorti sans une tâche. Cela dit, je vous conseille de venir avec des vêtement sombres, histoire que les éventuelles tâches ne se remarquent pas trop.

Pour finir, je dirais que c'est un resto très sympa avec un concept original.
C'est l'endroit idéal pour passer une bonne soirée avec un groupe d'amis. Il faut impérativement réserver.
Par contre je vous déconseille d'y aller en amoureux : on va vous placer sur une tablée avec des inconnus à vos cotés. Je suis pas sûr que vous vouliez que tout le monde entende vos mots doux.

Dans Le Noir ?
51 rue Quincampoix
75004 Paris
01 42 77 98 04

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